Au hasard de mes lectures, j’ai beaucoup aimé ce passage d’Antonin Artaud :
”Il y a l’hermétisme où l’on n’entre pas parce qu’il est fermé, celui ou on entre et qui vous enferme, celui qui vous invite à entrer pour ouvrir ce qui est fermé”.
C’est donc le mot de la fin, je vous salue bien bas et à très bientôt.
Avant de quitter la Chine et de m’éloigner de cette contrée lointaine, je tiens à faire un clin d’œil à quelques grands-mères ridées par la vie, pleine de sagesse …
C’est aussi un hommage aux miennes que je ne verrai plus mais qui ont gardé une place dans mon cœur .
La Chine change vite ! Nous voyons des poubelles et du recyclable un peu partout. Même dans les petits villages, des maisons sont pleines de matériaux triés en cours de compactage. Cela n’empêche tout de même pas de voir certains emballages ou détritus près des habitations et des rivières mais ça devient propre !
Récemment, une loi oblige les restaurateurs à stériliser bols et baguettes. Nous étions ébahis de voir dans des petites gargotes des sets emballés stérilement. Cela ne correspondait plus à l’image que nous avions ! C’est un net progrès…. Mais cela est aussi inquiétant pour tous ceux qui cuisinent dans la rue avec de petits moyens mais des produits frais et délicieux.
Il y a un lieu où je ne mettrai pas de limite, ce sont les toilettes. Jai été désagréablement surprise de constater qu’il existe encore des WC archaïques, sans porte, où seule une rigole se remplit de nos excréments. Autrement dit, il n’est pas rare d’avoir l’odeur, la couleur et l’aspect des selles de nos prédécesseurs. Une chasse d’eau est actionnée tous les 36 du mois par miracle. Si tu es présent à ce moment là, c’est toute la rigole qui se vide sous toi… Le spectacle n’est pas des plus réjouissant !!! Fort heureusement tout cela tend à disparaître avec l’apparition de nouveaux bâtiments qui poussent comme des champignons. Il faut savoir que les toilettes privées sont une nouveauté luxueuse. Dans certains villages, il faut encore aller aux WC publics pour se soulager ou vider son pot de chambre…
Après moults raclements sonores, il ne faut pas s’étonner de voir un crachat tomber à ses pieds… Enfin, aujourd’hui beaucoup ont le réflexe de cracher dans les poubelles… Il y aurait eu un changement depuis les jeux olympiques. Une chinoise m’a parlé de spots publicitaires liés à l’éducation de la population. Ils apprendraient aux chinois à être plus citoyens aux yeux du monde… En toute honnêteté, cela me paraît dingue. Parallèlement, vous ne verrez personne se moucher et remettre son mouchoir sale dans sa poche… A chacun ses coutumes et ses habitudes !!!
Fumer est inscrit dans leurs gènes, les vieux avec leurs pipes ont certes plus de charisme que les jeunes qui sortent la cigarette du paquet de “Hong Ha”. Mais le résultat est le même, ils créent tous un nuage de fumée dans le bus.
Le bruit est un autre sujet caractéristique de ce grand pays si peuplé. Il ne faut pas s’offusquer ni monter sur ses grands chevaux lorsqu’un chinois rentre dans un dortoir comme dans un poulailler, en mettant les pleins phares alors que vous étiez dans un sommeil profond.
Pour finir, je fais un clin d’œil aux oiseaux. Ils sont considérés comme des animaux domestiques dont le propriétaire prend grand soin. Il font preuve d’astuce et de patience pour les capturer… Il semblerait qu’au plus on en possède, au plus on vit longtemps…
Au delà de ces distractions statiques, nous avons assisté à des parties de croquet matinales entre vétérans. Sans parler des joueurs de badminton qui n’ont pas tous besoin de filet pour s’amuser.
Devant cet engouement national, la femme prend aussi sa place. Quant à nous, spectateurs chinois ou étrangers, nous sommes toujours les bienvenus.
De retour à Hanoi, quatre ans plus tard, nous avons trouvé qu’il y avait moins de cyclistes… Mais se perdre dans les ruelles est toujours aussi agréable. Les scènes de rue ne manquent pas. Les papis et mamies assis au pas des portes sont nombreux ! Comme les maisons sont toutes en hauteur, avec comme unique ouverture : la rue; l’intimité existe peu ! Plusieurs générations vivent dans la même demeure. Cela tend à changer par une forte volonté des jeunes mais beaucoup ne possèdent pas les ailes économiques pour réaliser ce désir ! L’heure de la frustration est arrivée. L’avenir nous dira sur quoi elle débouchera ?!!!
Dans cette capitale, au nord du pays, les cafés glacés sont moins populaires. Ils sont remplacés par le thé vert accompagné de la pipe à eau. Nous pouvons aussi trinquer la la “bia hoi”, bière locale sans conservateur ou avec un jus de citrons accompagné de graines de tournesol. Tout cela assis sur des tabourets bas dans la rue…
Evidemment, nous sommes retournés au spectacle de marionnettes sur l’eau. J’ai craint de l’avoir idéalisé… Que nenni ! Nous étions tous les quatre subjugués. La variété et la précision des gestes des marionnettes nous attirent dans leur monde. Les musiciens et chanteurs sur scène accroient la magie. L’histoire paraît réelle, dans le présent… Il n’y a plus qu’à se laisser porter par ces artistes… Bravo !
Après tout cela, nous étions partis pour un grand tour dans les montagnes en passant par Dien Bien Phu. Mais Thibault a pris le relai de Sylvain avec un zona que nous avons diagnostiqué avec la pharmacienne. Et, comme ses défenses immunitaires étaient amoindries, il a contracté une infection digestive très résistante. Peut-être n’avions nous pas compris assez vite qu’il voulait rentrer en France ??!!!… Nous nous sommes donc posés chez l’habitant, à Mai Chau, dans une très belle vallée et nous nous sommes tous fait dorloter par Meg… Les lucioles faisaient scintiller nos nuits au son des crapauds dans les rizières. Quand nous avons repris la route, nous avons certes vu de beaux paysages mais les travaux ne semblent jamais cesser : ponts, barrages, routes… C’est la désolation ! Nous n’avons donc fait que des arrêts étapes avant d’arriver à Sapa. La première vision fut assez brutale et décevante tant la ville est adaptée au tourisme de masse : hôtels, restaurants, échoppes se succèdent !… Et là, encore une fois, j’ai compris qu’il était possible de s’écarter des grands clichés et vivre de petits moments chargés d’émotion et d’intimité avec des personnes qui côtoient des étrangers tous les jours dans des lieux très touristiques… Il n’est pas nécessaire de chercher l’endroit inaccessible pour découvrir ce que désigne ce savant mot “authenticité”.
En quittant le Vietnam, nous sommes tous arrivés à la conclusion que ce pays était magnifique et très varié. Oui, il existe un “mais”. Tous les jours, nous avons rencontré des vietnamiens sympathiques mais régulièrement nous avons senti de l’agressivité. Heureusement elle n’était que rarement tournée vers nous… Je dirai malgré tout que c’est un peuple assez nerveux !
La bonne nouvelle, c’est que Thibault retrouve l’appétit ! Depuis que nous avons acheté le billet retour, il est plus enthousiaste que jamais pour profiter de notre fin de voyage ! Ce n’est que du bonheur !
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