J’ai dit Birmanie car ce pays reste plus connu sous ce nom pour nous occidentaux. Cependant, depuis 1989, la junte au pouvoir l’a rebaptisé Myanmar… Pou beaucoup, l’évocation de ces noms ne signifie que dictature ou peut-être sont-ils inhérents à Aung San Suu Kyi, principale leader pour la démocratie. Assignée à résidence, cela ne l’a pas empêchée d’être prix Nobel de la paix. Mais gisent ici des ressources naturelles incroyables : rubis, diamants, saphirs, jades et bien d’autres pierres précieuses mais aussi du pétrole, du gaz naturel, du teck, de l’opium… Tout cela donne de belles monnaies d’échange pour conserver le pouvoir !!! Malheureusement le peuple ne jouit pas de ces richesses.
Après ces quelques précisions, pénétrons au Myanmar avec nos yeux de voyageurs. C’est le cœur un peu serré que j’écris ce mail. Je suis sur le retour et je laisse beaucoup derrière moi.
Le rythme est tranquille, paisible. Je m’y suis laissée prendre en abandonnant derrière moi toute la prétention de sillonner tous les chemins où d’apprendre toujours plus de vocabulaire. Je me suis laissée aller en vivant le moment présent, simplement. Les échanges souvent intenses ont témoigné de la grandeur des émotions . Lentement, je me suis immergée dans cette culture même si je n’en suis qu’aux balbutiements !
Les gens méritent que l’on s’y attarde. Ils dégagent beaucoup de douceur, une grande sérénité et une gentillesse incroyable. Nous avons souvent souvent le sentiment d’être leurs invités. Il arrive aussi que nous le soyons réellement. Dans ce cas, il faut mettre les pieds sous la table et honorer la boisson et la nourriture que l’on nous offre spontanément… Cette générosité est terriblement touchante. Il n’y a pas eu une journée où nos enfants n’ont pas reçu quelque victuaille… Et pourtant, la majorité de la population ne possède rien. L’argent, ils n’en ont pas ou peu mais n’en parlent pas. Ils ne mendient pas et ne se plaignent pas… Mes sentiments n’en sont que plus forts ! Leur richesse n’est pas matérielle. En résumé, c’est un peuple émouvant. J’ai été surprise par le nombre de personnes qui possèdent des rudiments d’anglais. Certains débutent, d’autres s’améliorent. Ils se lancent avec une petite timidité mais beaucoup de courage. Ont-ils compris que cette langue internationale pourrait leur ouvrir des horizons tels que les frontières de leur pays ? Sont-ils avides du monde extérieur ?
Ce pays est très arboré. A chaque trajet, nous passons sous une arche de tamariniers. Le vert des feuilles n’est pas éclatant car nous brassons beaucoup de poussière ! Cela peut créer de belles ambiances mais nous ne nous en séparons jamais totalement… Même quand les routes sont bitumées, terre et sable s’y déposent !
Les campagnes sont sauvages, arides. Ce sont les bœufs et l’homme qui font les travaux des champs. Cela est très photogénique et nous donne l’impression de remonter dans des temps anciens… Mais si je demandais à mon grand-père ce qu’il en pense je crois pouvoir affirmer qu’il ne regrette ni le progrès, ni le modernisme !!!…
Les rivières sont toujours de merveilleux lieux de vie de l’aube au coucher du soleil.
J’aurais pu aussi écrire un paragraphe sur le lac Inle… à défaut, voici quelques photos tirées du chapeau.
Nous ne pouvons séjourner au Myanmar sans suivre les traces du bouddhisme. Moines et nonnes défilent plusieurs fois par jour dans les rues et les sentiers. Je n’ai été témoin que très rarement d’une grande ferveur religieuse mais nous avons découvert Bagan au milieu de nombreux pèlerins birmans. Nos centres d’intérêt n’étaient pas les mêmes. Pendant qu’ils vouaient une immense admiration à un bouddha blanchi récemment, nous étions subjugués par des peintures du XI, XII, XIIIème siècles. Ils raffolent des dorures et nous recherchons le pigment ocre… Ce décalage est amusant !!!
Pour parcourir ces quelques 2500 km en terre myanmare, nous avons passé des journées et des nuits entières dans des transports au confort inégal. Ouverts aux quatre vents ou bénéficiant de la climatisation, le résultat était le même, nous avons souvent eu froid… Du bus sauteur au trishaw qui déraille, le transport est tout un roman. Où termine le voyage et où débute la galère, la limite est parfois subtile…
Allez, une petite blague :
Lu Maw (comédien des Moustaches Brothers) avait des maux de dents terribles. Il ne pouvait rester ainsi. Il n’avait plus qu’une solution : aller consulter un dentiste. La Thaïlande étant frontalière, il décida d’aller chez ses voisins. Au moment du soin, le dentiste thaï¨lui demanda :”Vous n’avez pas de dentiste au Myanmar ?”. Lu Maw répondit :”Si, si bien sûr. Il y en a beaucoup mais nous n’avons pas le droit d’ouvrir la bouche dans notre pays !”.
Voici un aperçu de la nourriture myanmare. Inutile d’ajouter qu’ils aiment la cochonaille, du groin aux tripailles… Par l’odeur alléchante, nous avons quitté le sentier pour pénétrer dans le monde de la canne à sucre. Bloup bloup bloup ! J’aurais bien simulé “à la prochaine” dans leur écriture arrondie mais je les trahirais alors “bye bye !”.